mercredi 17 juin 2009

Vendredi, j'ai l'impression d'être le plus grand anthropologue-psychanalyste du monde

Dans ce train, il y a moi, qui décèle tous les moindres gestes, et les autres, une masse de bipèdes, agaçante, omniprésente, tous les matins, tous les jours, de la semaine, du mois, de l'année, qu'il vente, gèle, grêle, tempête, moussone, canicule. Je suis donc le psychanalyste de ces spécimens. Mon travail consiste donc à démontrer par une série d'expériences dignes du diplôme que je n'ai pas, que ces « autres » sont dérangeants, trop. Celle qui crie dans son portable, habillée de son superbe manteau de bêtes mortes dans un wagon rempli de TATI addicted. Toi t'es de trop. Celle qui lit son bouquin sur le régime citron à côté d'une femme de 120 kilos. Toi t'es de trop. Celui qui me fixe droit dans les yeux, malpoli, t'es de trop toi aussi.
Un mec s'est précipité pour rentrer dans le train, il m'a poussé, j'ai enragé. Moi debout, lui assis, c'est le clash, je le fixe, j'entends sa musique qui s'échappe de ses écouteurs, c'est rédhibitoire, il doit éjecter. Il écoute Magic de Ladyhawke, ce type a bon goût. C'est un con qui a bon goût, j'ai l'impression de me voir, c'est atroce. Un type qui bouscule les inconnus parce qu'il les méprise, et qui ne pense qu'à son petit confort personnel.

C'est la crise, le fric a disparu, dire que l'on est fauché est devenu une mode, une marque de reconnaissance entre les gens, ne pas être seul dans la mouise ça rassure. Le découvert c'est le hype du moment. J'étais à moitié hype avant tout le monde, la classe. Vivre chez sa maman sera peut-être la prochaine mode, encore un coup d'avance. Ça a du bon d'être nourri-logé, c'est ça le vrai confort, au-dessus de n'importe quelle place dans le train, même au-dessus de la clope du matin, et celle du midi aussi. Impressionnant.

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